Les fines gouttelettes de grisaille faisaient un léger bruit sur les carreaux, qui venait troubler le calme dont la professeure Green essayait de profiter pour jouer au fin poète en lisant le plus grand de tous les auteurs anglais, Shakespeare. La cloche n’avait pas encore sonné, et elle pouvait encore jouir de quelques précieuses minutes à parcourir l’œuvre théâtrale et littéraire monumentale qu’avait laissé l’homme au monde. Quand la cloche sonna, elle ouvrit un tiroir et y rangea l’épais volume, ainsi que ses notes, puis attrapa son thé à menthe fraîche, qu’elle sirota tout en parcourant la classe des yeux. Cédant à la facilité, plutôt que de se lever pour ouvrir la porte de la classe, elle saisit sa baguette traînant sur son bureau ciré à la perfection, et la pointa sur la porte qui s’ouvrit sans grincer le moins du monde, vu le huilage des gonds.

Assis avec une majesté quasiment royale dans son fauteuil, sa cape longue tombant en soigneuses ondulations au bas de son siège recouvert de velours, son regard hautain et sévère se perdait dans le vague, attendant de retrouver ces nuances-là pour l’arrivée des premiers élèves. Les regards les plus attentifs pourraient même remarquer l’ajout de quelques ouvrages aux étagères, et le placement de quelques autres objets venant de loin, signe que la professeure avait voyagé durant l’été. Cependant, peu étaient ceux dont les yeux seraient frappés par ces changements plus subtils. Les gens ne font que regarder, alors qu’il faudrait observer, telle était la leçon que l’on pouvait tirer des enseignements de Sherlock Holmes.

Pour annoncer la couleur aux nouveaux élèves, la professeure avait inscrit au tableau en grandes lettres le mot « Silence ». Elle savait maintenir le calme dans sa classe, mais le simple calme ne lui suffisait pas. D’ordinaire, elle ne tolérait pas le moindre écart de conduite de la part de ses élèves. Malheur à l’imprudent qui oserait un jour parler en même temps qu’elle. Très imbue d’elle-même, elle considérait encore plus que les autres professeurs que le respect de sa personne était essentiel. Ce sentiment était accru par le sentiment qu’elle allait se faire des ennemis dans sa classe, quand elle annoncerait la même chose qu’elle comptait annoncer aux classes supérieures. Ayant l’intention de tirer le niveau vers le haut et ayant des visions maximalistes, décidée à pousser les jeunes élèves au bout de leurs limites et de celles du raisonnable, elle estimait que cela ne plairait pas à tous. Mais cela se jugerait facilement au cours suivant quand elle verrait ceux qui viendront.

Mary-Alice attendait ce cours avec impatience. Le cours de Duel était de loin devenu son cours préféré puisque la DCFM ne l'attirait plus du tout à cause du gros bonbon rose puant le Troll. Vous avez comprit l'idée... Mary-Alice allait faire gagner un max de points à sa maison au cours du professeur Green, qu'elle avait déjà croisé plusieurs fois au Manoir Jedusor. Et même si elle la trouvait antipathique, elle allait faire un effort pour battre les Serdaigle sur le coup. Elle allait être meilleure qu'Andrew vous allez voir!

C'est donc en sautillant que la cinquième année se rendit au troisième étage, un grand sourire aux lèvres. Même Ombrage n'aurait pu casser son moral au beau fixe ce matin là. Elle entra donc dans la salle de classe en arrêtant de sautiller et scrutta les environs. Il n'y avait que des Serdaigles, chose bien trop injuste à son goût. Elle salua alors son professeur d'un sourire resplendissant et se dirigea sans aucune hésitation vers Luna Lovegood, prenant place à ses côtés. Elle lui sourit alors avant de déballer ses affaires et de faire glisser sa baguette magique qu'elle conservait toujours dans sa manche droite, bien à l'abri. Elle la posa alors sur sa table et se redressa sur sa chaise, posant son sac sur la dernière chaise libre à ses côtés. La place était donc réservée soit à Daphné, soit à Andrew. Encore fallait-il qu'ils se dépêchent d'arriver parce qu'Autumn n'était pas du genre à excuser les retards...

La Verte et Argent soupira donc doucement avant de sortir son livre de sortilèges avancé et de reprendre sa lecture là où elle l'avait laissé alors qu'elle était en vacances pour la Toussaint chez elle. Après tout, elle n'avait pas le droit de parler mais lire était autorisé non?