Jeudi soir. Mary-Alice venait de fermer la porte de la salle de classe d’Ombrage dans un soupir. Encore une fois, elle avait été collée, juste pour avoir osé soutenir le regard de son professeure. Cette fois-ci, le bonbon rose ne lui avait que donner des lignes à copier. Elle avait donc encore mal à sa main gauche et quelques gouttes de sang perlaient encore mais elle ne se rendit pas à l’infirmerie. Elle ne se rendit pas non plus dans la Grande Salle puisqu’elle n’avait pas envie de supporter les autres élèves. De plus, la cinquième année n’était pas du tout à jour dans ses devoirs et avait encore pas mal de chose à faire. Elle devait réviser ses sortilèges pour un devoir, puis finir sa dissertation d’Histoire de la magie et sa traduction de Runes l’attendait depuis quelques jours. Mary décida donc de monter au sommet le plus haut, loin de tout le bruit habituel de l’Ecole de Magie.

Mais rien ne se passa comme prévu puisqu’il y avait déjà quelqu’un de présent dans la Tour d’Astronomie. L’héritière Jedusor se figea donc sur le seuil de l’entrée avant de finalement entrer. De toute manière, elle ne connaissait pas l’autre qui devait être plus âgé qu’elle. Il devait être de l’année de Daphné…

La Verte et Argent prit donc place un peu plus loin, à même le sol, tout en sortant son syllabaire de Runes et sa traduction à peine commencée. Elle regrettait vraiment de ne pas travailler avec Daphné sur ce devoir puisqu’elle avait juste prit cette matière pour tenter de prouver à Granger qu’elle la surpassait… Sauf que c’était plutôt l’inverse pour le moment… Soupirant donc alors qu’elle cherchait la signification de l’un des symboles, la brunette releva la tête lorsque le Serdaigle lui parla, lui demandant tout sourire si cette soirée lui allait. La gamine arqua les sourcils. Habituellement, personne à part Shadow, Daphné, Drago ou Potter ne lui parlait, ou du moins lui demandait quelque chose… Il y avait donc strangulon sous roche, n’est-ce-pas… A moins qu’il n’existe des gens civilisés… C’est donc sans laisser sa surprise transparaitre que Mary-Alice répondit, sur un ton neutre :

-Cette soirée aurait pût être mieux sans l’immonde bonbon rose…

Intérieurement, Mary-Alice était soulagée qu’Andrew vienne s’assoir à ses côtés. Elle savait que e Serdaigle allait donc l’aider dans ses devoirs et que le tout serait bouclé en à peine une heure. Au moins, après, elle irait voir Daphné et peut-être qu’elle pourrait fondre en larmes dans ses bras.

-Merci. Je les confond toujours ces deux là…

Ensuite la conversation porta sur Ombrage et le Bleu et Bronze lui avoua qu’il suivait les propos de Dumbledore.

-Dumbledore est un vieux fou. S’il tenait tant à notre sécurité, il n’aurait pas fait entrer le Crapaud dans Poudlard. Personnellement, j’en ai marre d’être collée juste pour donner des bonnes réponses dans son cours. Si ça continue comme ça je pense que je vais sécher son cours. De toute manière, on y apprend rien…

Un silence s’installa alors et impassible, Mary-Alice continua ses devoirs, massant de temps en temps sa main endolorie par sa dernière heure de colle. Finalement, le brun aux yeux bleus la sortit de sa réflexion lorsqu’il lui dit de sourire. Mais à quoi bon sourire puisque depuis la rentrée la gamine restait obstinément impassible à tout. Plus rien ne l’atteignait depuis que son père l’avait violée mentalement et lui avait lancé un Doloris. Alice haussa donc les épaules, tout en tournant son regard acier vers le Serdaigle et en demandant :

-Pourquoi devrais-je sourire ?

Mary ne pouvait pas vraiment comprendre le fait que les autres ne cessent de montrer à tout le monde leurs sentiments. En effet, elle, elle restait obstinément impassible, comme si rien ne l’atteignait…

Elle écouta donc Andrew lui donner ses explications, avant qu’elle ne soupire et ne reporte son attention sur sa traduction, avant de répliquer :

-Sourire ça veut dire montrer ce que l’on ressent et ce genre de chose c’est pour les faibles qui éprouvent de la compatie pour tout le monde. Ce n’est vraiment pas mon genre…

Elle n’allait pas dire non plus qu’elle ne souriait qu’en présence de Drago ou bien de Daphné, sinon, elle passerait à son tour pour une faible. Elle laissa donc tomber sa traduction qui commençait à l’énerver au plus haut point, avant de passer à son arithmancie. C’était l’une des matières qu’elle adorait et qui ressemblait pourtant quelque peu à la divination. Mais la professeure était déjà beaucoup moins folle que Trewlawney qui lui faisait penser à une énorme mouche avec ses grosses lunettes toutes rondes… Elle resta donc silencieuse, écoutant Andrew rajouter qu’il souriait pour ceux qui étaient morts. Et c’est là qu’elle tiqua alors : il avait apparemment perdu quelqu’un. Mais sachant que c’était impoli de parler de ce genre de chose, la brunette resta donc muette, posant son regard acier sur son aîné, tout en se mordant les lèvres. Voilà qu’elle commençait à être gênée…

-Si tu veux en parler à quelqu’un je suis là… Enfin si tu veux en parler… Moi on m’a toujours dit que parler ça faisait du bien.

Alice se demandait encore pourquoi elle avait proposé au Bleu et Bronze de se confier s’il avait besoin. Peut-être qu’au fond, c’était parce qu’elle savait que le secret serait bien gardé puisqu’elle ne parlait à personne, hormis Shadow, son fidèle serpent, dans un langage que seul Potter et son père pouvaient comprendre. Hors, elle ne passait pas de temps avec ces derniers… Le secret serait donc gardé…

-Le sang n’a aucune importance… Je ne suis qu’une sang mêlée et j’assume. Et parfois, les nés moldus se révèlent être les meilleurs… Regarde Granger par exemple…

Voyant donc qu’Andrew s’était interrompu en parlant de la mort de ses parents, Mary-Alice s’attendait au pire. Elle ferma donc les yeux, tout en se mordant les lèvres pour ne pas commencer à injurier l’horreur que l’un de ses parents avait commise…

- Tu ne peux pas savoir comme je la déteste… Si j’aurais su, je serais restée chez les Malefoy…

Rouvrant alors les yeux et détournant son regard, la jeune fille finit par lancer, dans un murmure :

-L’amour c’est une faiblesse…

Frissonnant donc en pensant qu’elle était faible puisqu’elle était tombée amoureuse de Daphné, la gamine remercia d’un regard Andrew qui venait de lui mettre sa cape sur les épaules avant de répondre à sa remarque :

-Combien de fois il faudra que je répète à tout le monde que je suis neutre là dedans ? Je n’ai pas choisit ma famille… Et je n’ai pas à choisir mon camp. De toute manière, je choisirais le plus offrant. Et je n’ai aussi jamais dit que sourire était une preuve de faiblesse. C’est juste que j’ai perdu le goût de sourire depuis cet été…

Mary-Alice savait pertinemment que l’amour était une faiblesse car depuis qu’elle avait réalisé qu’elle était amoureuse, elle avait aussi réalisé qu’elle serait prête à tout pour la Rouge et Or. C’était donc bien une faiblesse, non ? Mais ça n’avait pas l’air de convaincre Andrew qui voyait l’amour comme une force…

-L’amour c’est une faiblesse parce qu’on serait prêt à tout et à n’importe quoi pour celui qu’on aime…

La Verte et Argent arqua alors les sourcils, tiquant lorsque le Bleu et Bronze lui parla en utilisant le surnom que son cousin lui avait donné lorsqu’elle était plus jeune.

-Je sais très bien ce qu’est l’amour.

La plus jeune haussa donc les épaules, avant de baisser son regard pour se mettre à observer le sol, tout en réfléchissant à ce qu’Andrew venait de lui dire, avant de finalement lui répondre :

-Je préfère la liberté que la peur…

Mary venait de comprendre qu’elle venait de faire un choix, pour la première fois de sa vie. C’était aussi la première fois qu’elle n’avait pas agit comme une parfaite lâche et elle se mordit donc les lèvres, gênée, commençant à frissonner de froid, alors que la nuit se faisait de plus en plus sentir. Elle sentit alors les bras d’Andrew autour de sa taille et elle ne se mit pas à fuir, se contentant juste d’écouter les explications du brun, avant de répondre, quelque peu amusée :

-Ca ne me gênerait pas d’aller à l’infirmerie pour ne pas voir bonbon rose…

La jeune fille haussa donc les épaules par la suite, ne disant rien au sujet de l’amour. Après tout, elle n’avait que 15 ans et ne connaissait pas vraiment ce sentiment. Elle préféra donc se taire, avant que le Bleu et Bronze ne lui dise avec justesse qu’il faudrait mieux qu’ils rentrent avant le couvre feu :

-J’suis vraiment obligée de rentrer dans les cachots ? J’ai pas envie de les affronter ce soir… Ils sont vraiment horribles avec moi…

Mary-Alice ne comprenait pas pourquoi elle n'avait pas fuit alors qu'elle se trouvait en compagnie d'un élève qui en savait plus qu'il ne le devait sur son cas. Généralement, elle aurait envoyé un sort à un élève de ce genre avant de prendre la fuite comme la parfaite lâche qu'elle était pour se réfugier dans la bibliothèque, dans la réserve, sans se faire prendre par Mme Pince. Mais avec Andrew, tout était différent... En réalité, avec lui, elle se sentait parfaitement bien. D'ailleurs, elle venait de lui avouer qu'elle n'avait vraiment plus le courage d'affronter ses camarades de maison, il lui proposa donc de se rendre dans la Salle sur Demande. La jeune fille approuva d'un signe de tête. Elle connaissait bien cet endroit puisque c'était là-bas qu'elle avait rencontré Daphné. Elle se leva donc doucement, tout en époussetant son uniforme, avant de tendre sa main à Andrew pour l'aider à se relever à son tour.

-On y va. J'espère juste qu'Ombrage ne traîne pas dans les couloirs, j'ai pas vraiment envie de me faire coller encore une fois...