Il n’y avait rien de tel que les week-end, me direz vous, tout le monde aime les week-end, enfin sauf peut-être le dimanche parce qu’il n’y a rien a faire et que tout est fermé, mais Severus, lui, aimait les week-end pour une seule et unique raison, il ne donnait aucun cours pendant deux jours et avait une bonne excuse pour rester enfermé dans ses appartements à longueur de journée, n’en sortant que pour aller manger dans la grande salle. A ses yeux, il n’y avait rien de plus enthousiasmant que l’idée de ne pas croiser de môme braillards de toute la journée… Les repas dans la grande salle bondée de monde étaient déjà assez difficiles a supporter, lui qui aimait manger en silence… Imaginez un peu le calvaire… Remarquez, l’avantage c’était qu’il avait pu s’y habituer jeune…

Enfin bref… Comme tous les week-ends, Severus avait donc passé sa journée a déverser son venin sur les copies de ses élèves et à distribuer les notes abominables qu’il leur réservait, particulièrement lorsqu’il était contrarié pour un quelconque sujet. Aussi, aujourd’hui, puisqu’Albus n’était pas encore venu l’enquiquiner, les élèves devaient s’estimer plutôt chanceux de leurs notes pitoyables parce qu’il trouvait qu’il n’avait pas été si vache que ça pour une fois. A midi, après avoir affronté le repas et les babillages incessants d’Albus, il était de bien moins bonne humeur (oui il lui en faut peu) et préféra ne pas s’intéresser au reste des copies qui l’attendaient sur son bureau pour le moment. Aussi, il pris un livre sur les potions et s’installa tranquillement sur le canapé élimé qui trônait non loin de sa cheminée personnelle et entama sa lecture…

Albus fit un passage plus qu’éclair dans la cheminée pour prévenir Severus, avec des mots détournés, qu’il devait se rendre au quartier général pour une réunion le soir même… Pourquoi était-il partit si vite ? Et bien ça pouvait être pour trois raisons… Premièrement, peut-être qu’il craignait tout simplement que l’on surveille sa conversation, dans ce cas, plus vite il irait et moins de temps auraient les éventuels espions pour le choper en flagrant délit… Deuxièmement, il avait peut-être tout simplement été dérangé et s’était arrangé pour finir vite et ainsi accueillir à coup de bonbons au citron son visiteur inopportun. Dernièrement, et là Severus laissait simplement son imagination vagabonder pour se réconforter un peu, Albus avait peut-être craint que le professeur ne lui envoie son livre dans la figure pour avoir investi ainsi son espace privé sans y être invité, une fois de plus… Mais Severus n’aurait pas sacrifié un livre si rare qui lui avait couté une véritable petite fortune.

Le soir venu, après avoir diner en compagnie des élèves toujours aussi bruyants, Severus se rendit dans ses appartements et attendit une petite heure avant de quitter le collège furtivement, ne se faisant remarquer de personne en particulier. Il faut bien avouer que personne n’osait trop venir lui demander ce qu’il avait comme projet ou bien ce qu’il était en train de faire. Severus traversa le parc sans voir personne, le temps était frais et la nuit était tombée depuis longtemps puisque l’hiver était là depuis longtemps. Une fois de l’autre coté des grilles du collège, il ne lui fallu que trouver un coin sombre pour transplaner en toute tranquillité.

Arrivé dans le petit parc clôturé du square grimmaurd, Severus remarqua distraitement qu’un mètre plus à droite et il aurait atterri en plein sur une plaque de verglas… Pour une fois, il avait de la chance, il n’allait pas s’en plaindre. Un coup d’œil rapide lui appris qu’ici aussi, on ne prenait pas le risque de rester dehors trop tard le soir et il sortit du parc sans croiser âme qui vive jusqu’à ce qu’il entre dans la maison numéro douze. Sans un bruit et évitant le porte parapluie que Tonks était décidément incapable de ne pas manquer, Severus rejoignit la cave transformée en cuisine et attendit, assis à la table, seul…

Il avait l’habitude d’arriver avant les autres, mais généralement, ils ne tardaient pas. Aussi, il ne se fit pas plus de soucis que ça jusqu’à ce qu’un parchemin n’arrive par magie, surement un coup de Fumseck vu la plume rouge qui accompagnait le parchemin. Severus pris le papier et en lut le contenu… Il n’y avait pas grand-chose d’inscrit, simplement que la réunion était finalement ajournée… C’était bien sa veine, finalement sa chance ne durait jamais longtemps… Et comme il ne pouvait pas avoir plus raison qu’en cet instant précis, il fallu qu’au même instant la neige se remette a tomber, accompagnée de grêle et de pluie… Rien qui puisse vous donner envie de sortir tout de suite…

« - Bon... soir.. »

Severus se tourna vers l’entrée, curieux de savoir qui d’autre s’était fait avoir par Dumbledore avant de savoir que la réunion n’aurait finalement pas lieu. C’était Johanson, une des aurors du ministère. Elle semblait assez surprise de voir qu’ils n’étaient que tout les deux mais Severus se contenta simplement de répondre a son salut par un bref signe de tête assez rigide.

« - Ah Professeur Rogue ! Je ne m'attendais pas à vous trouver seul ici... »

Oui, il s’en était quelque peu douté… Il faut dire que quand on vient pour une réunion, on s’attend à ce qu’il y ait au moins une dizaine de personnes en train d’arriver ou déjà présentes… Mais là, non… Et comme il l’a si bien vu sur ce foutu parchemin, personne d’autre ne viendra puisque non seulement la réunion est ajournée mais qu’en plus, il fait un temps de chien dehors…

Mais avant qu’il n’ait le temps de répondre, elle semble commencer a avoir quelques doutes sur la réalité de la dite réunion et elle disparait dans l’encadrement de la porte, surement va-t-elle regarder l’heure dans le couloir… Sans se poser plus de questions, Severus attendit silencieusement qu’elle revienne. Vu le temps pourri qu’il faisait dehors, elle n’allait certainement pas partir tout de suite, même si elle en avait peut-être envie. A peine deux minutes après avoir disparue, elle refit son apparition dans la cuisine sous l’œil ennuyé et légèrement contrarié du professeur de potions.

« - Nous sommes seuls et l'heure de rendez-vous est pour peu, la réunion est ajournée je suppose ? »

Severus aurait bien répondu avec sarcasme comme il en avait l’habitude depuis des années entières mais après tout, elle faisait des efforts de politesse et puis il n’avait aucune idée de combien de temps ils seraient coincés ici par le mauvais temps alors autant éviter que cela ne tourne en duel… Aussi, il pris le parchemin dans sa main et le tendit vers l’ancien Serdaigle avant de répondre calmement.

« Dumbledore semble dans l’impossibilité de se déplacer ce soir. »

Le professeur attendit quelques minutes, qu’elle regarde le parchemin ou non puis il commença a se demander ce qu’ils allaient bien pouvoir faire en attendant… Ils n’allaient quand même pas s’asseoir chacun de leur coté et se regarder en chien de fusil jusqu’à ce que quelqu’un vienne et leur dise : « surprise ! Le temps est plus clément. » Tournant les yeux vers les placards, il se dit qu’un petit thé et avec un peu de chance, quelques gâteaux, seraient les bienvenus…

« Autant en profiter pour prendre une tasse de thé… Vous en voulez ? »

Qu’elle en veuille ou non, lui il en prendrait volontiers, d’abord ça lui réchaufferait quelque peu les entrailles et ensuite, ça l’occuperait le temps de le boire… Se mettant a fouiller dans les placards, il trouva rapidement une théière ainsi que deux tasses et d’un coup de baguette magique, la théière maintenant posée sur la table était déjà pleine d’une eau bouillante. Continuant de fouiller dans les placards et tiroirs qui étaient à sa portée, il trouva le sucre, le lait, les petites cuillères et ô miracle, quelques petits gâteaux qu’on avait certainement laissé de coté à la fin de la précédente réunion.

« Et bien nous aurons finalement aussi de quoi manger un peu. » Commenta-t-il alors qu’il déposait l’assiette de gâteaux sur la table.

Quelques secondes plus tard, il trouva enfin le thé et vint prendre place à table. Il ne tarda pas à prendre la théière en mains et à lever les yeux vers la jeune femme, l’air curieux.

« Alors ? Vous en voulez ou non ? »

Il n’avait certes pas l’habitude de recevoir des gens, ni même de rester en public de bonne volonté mais il avait malgré tout des bonnes manières et l’une d’entre elles consistait à servir les femmes d’abord.